Sept leçons de vie/Survivre aux crises

Fayard, 2009        

4ème de couverture :

La crise actuelle se terminera un jour, laissant derrière elle d’innombrables victimes et quelques rares vainqueurs. Pourtant, il serait possible à chacun de nous d’en sortir dès maintenant en bien meilleur état que nous n’y sommes entrés. À condition d’en comprendre la logique et le cours, de se servir de connaissances nouvelles accumulées en maints domaines, de ne compter que sur soi, de se prendre au sérieux […]. Mon propos n’est donc pas ici d’exposer un programme politique pour résoudre cette crise et toutes celles qui viendront, ni de vagues généralités moralisantes, mais de suggérer des stratégies précises et concrètes permettant à chacun de « chercher des fissures dans l’infortune », de se faufiler entre les écueils à venir, sans s’en remettre à d’autres pour survivre, pour sur-vivre. Et d’abord pour survivre à la crise actuelle.

Les sept principes de survie selon J. Attali  et qui valent pour l'homme, l'entreprise, la nation et l'Humanité sont :

1. Le respect de soi-même en ne comptant que sur soi, être l'acteur de sa vie, avoir conscience, "vivre plus"

2. L'intensité  en se projetant dans l'avenir, se construire un projet de vie. Un espèce de visualisation positive.

3.L'empathie en se mettant à la place des autres de façon à nouer des alliances durables, y compris avec ses ennemis.

4. La résilience  qui nous conditionne mentalement à lutter parce qu'on s'y prépare.

5. La créativité: un cran au-dessus en acceptant de se transformer pour évoluer, profitant des problèmes pour se dépasser et innover.

6. L'ubiquité si rien ne semble évoluer dans le bon sens : changer d'identité pour s'imprégner des autres. 

7. La pensée révolutionnaire ultime pour TOUT oser quand plus rien ne va.

Jacques attali part du constat d'une crise majeure à venir, idéologique, économique et écologique, rappelant la destruction de la biodiversité avec une crise grave dès 2025, les crises financières, le pic pétrolier avant 2030.

S'il y a des stratégies passives comme le renoncement à soi, au monde et la repentance (comme la décroissance qui culpabilise), il s'attache bien évidemment aux stratégies actives citées ci-dessus, et dans l'ordre!

Selon l'auteur, il s'agit "d'un exercice difficile, exigeant disponibilité d'esprit et humilité. il doit s'effectuer au moins une fois par semaine, dans une méditation silencieuse, exigeante et exempte de tension. Bien conduit, cette maîtrise des sept principes de survie donne accès à des réserves insoupçonnées d'énergie."

Ce qui nous intéresse ici particulièrement, c'est l'application de ces principes à l'Humanité   parce que, nous dit l'auteur, "Rares sont les humains qui ont une pleine mesure des dangers encourus par l'humanité (...) Rares sont ceux qui comprennent l'importance d'avoir de alliés, d'être empathique, altruiste pour survivre". Il rappelle les 7 destructions massives qu'a connues la Planète, du pré-cambrien au crétacé. il se pourrait qu'aujourd'hui, elle connaisse des menaces graves remettant en cause son existence à cause d'une série de désordres majeurs, écologiques surtout :

1. Visiblement, l'humanité n'a pas le respect d'elle-même! Une prise de conscience est nécessaire. Il faudrait concevoir des Droits de l'Humanité comme il y a les Droits de l'Homme...et y inclure le respect de toute forme vivante.

2. Il faut aussi qu'elle ait une claire conscience de ce qu'elle sera dans le futur, en terme de siècles.

3. Nécessaire empathie pour tout le vivant avec le corollaire juridique de défense et de surveillance sur toute la planète, de façon à se prémunir. Chercher des alliés dans tout le vivant. L'auteur appelle cela "l'altruisme intéressé".

4.  La résilience est à conquérir parce que l'homo sapiens a perdu sa diversité, ce qui le fragilise grandement, et a oublié , dans sa course effrenée de consommateur, d'assurer la pérennité de l'air, l'eau, l'énergie, du sol arable...

5. La créativité doit réfléchir à d'autres manières de vivre et là... rien n'est fait.

6. L'ubiquité avec "des stratégies plus audacieuses encore, comme migrer dans l'espace vers une autre planète...".

7. La pensée révolutionnaire est nécessaire pour une autre gouvernance mondiale, pour des "Etats généraux planétaires", pour "une police mondiale". Il faudra pour cela "une armée d'insoumis".

Et de citer A. Gide pour terminer : "Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis. Sans eux, c'en est fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que nous aimions et qui donnait à notre présence sur terre une justification secrète. Ils sont, ces insoumis, le "sel de la terre" et les responsables de Dieu." 

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C'est sans doute vrai quand on voit l'incurie et l'inconscience des gouvernements mondiaux...face aux menaces. Et en espérant que l'humanité aura encore assez de santé pour se révolter...

Si le principe d'ubiquité nous échappe quelque peu (l'empathie nous semblant suffisante alors que l'ubiquité penche vers l'hypocrisie), nous pensons par contre qu'un autre principe est nécessaire: c'est celui de l'éducation , civique particulièrement. Sans elle, point de respect de soi. Sans l'excellence de maîtres à penser et à faire, aucun principe ne peut germer tout seul dans les 7 milliards de têtes engoncées dans leur quotidien et leur misère et qui n'ont cure de l'avenir de la planète, le leur étant déjà bien problématique.

S'il y a une révolution à faire, c'est celle-là et en priorité. L'école, telle qu'elle existe, ne sert qu'une classe dirigeante, qu'une idéologie; non l'Humanité! C'est l'occasion d'exercer le 5ème principe de créativité.

D.Meert, 14 mars 2011